Encore ! Oui, encore
Parce que les Championnats du Monde, c'est la responsabilité de la France. Parce que c'est l'honneur de Val d'Isère. Parce que les enjeux financiers sont considérables pour nous. Parce qu'il est encore temps, mais qu'on est tout près d'atteindre le point dont nous ne pourrons pas revenir. Donc, ENCORE une lettre au maire. Lisez malgré tout jusqu'au bout parce qu'après, il n' y aura plus grand chose à dire. Il y aura juste à regretter d'avoir eu plus gros yeux que gros ventre. Maintenant lisez :
Cher Bernard,
J’utilise ce ton plus familier qui est le nôtre lorsque nous nous parlons. Nous nous sommes rapidement vus samedi matin au Col de l’Iseran et tu m’as confirmé avoir bien reçu le mail par lequel je t’ai proposé une « feuille de route » pour le dossier Championnats du Monde. Malheureusement, je n’ai pas eu l’impression d’avoir réussi à te convaincre. L’affaire est si grave que je me permets encore un fois de m’adresser à toi.
1 ) Nous avons voulu et reçu la mission d’accueillir les championnats du monde 2009. Cette mission, il faut la remplir et de façon exemplaire.
2) Cette mission comportait un cahier des charges. Un point de ce cahier stipulait notre obligation de mettre à disposition du CLO un local de 4 000 m2 pour accueillir la presse.
3) Notre dossier de candidature a proposé que le « Centre Media » soit implanté sur le front de neige. Aucune précision n’était exigée quant à ses caractéristiques, hormis sa taille.
4) Ce qui est clair est que la forme, la nature, le type de construction de ce Centre Media étaient laissés à notre discrétion. Nous ne sommes donc tenus que par une taille (4 000 m2) et par une zone d’implantation (le front de neige).
5) Je ne reviens pas sur la décision d’installer ce que l’on a appelé ensuite « Centre de Presse » dans un « Centre Sportif » de 6 000 m2 à construire. Cette décision a du reste été finalement abandonnée au mois de mars dernier devant un coût que ta majorité en est arrivée à juger elle-même comme inacceptable.
6) En dépit du temps qui s’écoule dangereusement tu as alors pris la décision d’envisager une reconversion en faveur d’un projet moins grand, moins équipé, donc présumé moins cher - un « Centre Sportif bis » en somme - dont nous ne savons pas grand-chose si ce n’est la nécessité de le réaliser « à l’arraché » en adoptant une technique de construction que nous avons désapprouvée, la conception-réalisation.
7) Des inquiétudes relatives à la construction de ce Centre de Presse et à divers autres retards, Jean-Claude Killy a tiré les conséquences que l’on sait. Sa décision « électrochoc » n’est pas, je l’espère, irréversible, à condition du moins que tu t’avères prêt à lui donner des gages sérieux de ressaisissement. D’où la « feuille de route » que je me suis permis de t’adresser cette semaine.
8) Cher Bernard, ce rappel écrit des faits - mieux que ce que j’ai pu dire, un peu sur tous les tons et depuis maintenant deux ans, autour de la table de notre conseil, - va, je l’espère, te convaincre de reconsidérer un projet qui – tu t’en rends évidemment compte - suscite une vive réprobation dans notre population.
En conclusion :
I. Nous ne sommes tenus l’égard de la FIS par aucun engagement autre que celui de livrer une ou plusieurs installations de bonne qualité, dignes de recevoir – sur 4 000 m2 environ – la presse sportive pendant la durée des épreuves.
II. Une nouvelle piscine à Val d’Isère - fut-elle de haut de gamme et agrémentée de divers accessoires tels que jacuzzis ou autres saunas - ne constitue pas une infrastructure prioritaire et même utile pour notre cible de clientèle. Ses frais de fonctionnement seront, en outre, très élevés et sa fréquentation peu satisfaisante.
III. Or ce projet était et restera dramatiquement coûteux à réaliser. D’autant qu’il ne faut pas oublier d’y ajouter une chaudière à bois devenu inutile (2 500 000 €), puis ensuite le désarmement de l’actuelle piscine faisant alors doublon et sa reconversion en Dieu ne sait pas encore quoi. Le coût global n’est pas affiché puisque l’on ne connaît pas le profil de votre projet de Centre Sportif bis, ni le prix du désarmement et de la reconversion de la piscine actuelle. Mais il n’est pas déraisonnable de penser que tout cela se terminera aux environs d’une trentaine de millions d’euros (c'est-à-dire le chiffre qui vient de vous faire prendre la fuite devant la réalisation du Centre Sportif n° 1).
IV. Un Centre de presse éphémère est possible, souhaitable, approprié.
V. Le futur du chantier « Vers les Eaux » mérite mieux que l’improvisation et la précipitation tardives. Je te propose que la réflexion sur l’avenir de cette zone soit effectuée calmement, à l’écart des contraintes et des délais imposés par les championnats du monde.
J’ai compris, mon cher Bernard, que vous vous retrouverez chez la ministre de tutelle, le 12 juillet. J’ai lu dans la presse que Jean-Claude Killy se rendra peut-être à cette convocation. Mon dernier argument (ce n’est guère le plus glorieux, mais c’est le plus fort) est que si tu maintiens ton projet de « Centre Sportif bis » tu ne pourras jamais, à tort ou à raison, convaincre jeudi prochain tes interlocuteurs de ta capacité à tenir les délais. Le doute jouera alors contre toi et le risque est important d’un capotage complet de toute l’histoire. Pour gagner la guerre, il faut savoir perdre une bataille.
Bien cordialement à toi,
Serge Paquin